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La Roque d'Anthéron 2017 Sélection Gérard Abrial
Grands fauves et géniales jeunes révélations

XXXVIIe FESTIVAL INTERNATIONAL DE PIANO DE LA ROQUE D'ANTHERON
du 21 juillet au 19 août 2017
Programme complet sur : www.festival-piano.com/
+33 (0)4 42 50 51 15 courriel : info@festival-piano.com
web : www.festival-piano.com
Prix des places : de 16,00 à 55,00 €

***** Grands frissons
**** Irrésistible
*** Valeurs sûres
** De bonne composition
« J’y étais »

Lundi 24 juillet Parc de Florans 21h30 ***
Dmitri Makhtin violon
Alexander Kniazev violoncelle
Boris Berezovsky piano

Rachmaninov : Préludes pour piano, extraits
Rachmaninov : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur opus 19
Rachmaninov : Trio élégiaque n°2 pour violon, violoncelle et piano en ré mineur opus 9

Voici un programme évolutif : Piano seul, puis duo et enfin trio.
Un trio russe célébrant un héros russe à la manière la plus russe qui soit.
Grisés par ces musiques, mélancolique ou effervescent, notre trio ne se prive pas de parfois surjouer. Tant mieux.
A propos de Rachmaninov :
Parce que les virtuoses y trouvent leur content de prouesses mécaniques, les œuvres de Rachmaninov encombrent encore nos programmes. Démodés, creux, n’ayant même pas conservé leur brillant, ils sont pour notre temps le pendant de toute la friperie des Henri Herz, des Czerny, des Thalberg…
Lucien Rebatet Dictionnaire de la musique 1969 Robert Laffont. Un visionnaire. A fuir.

Mardi 25 juillet 21h30****
Théâtre Silvain Marseille
Thomas Ehnco, piano
Vassilena Serafimova marimba

Bach : Fugue, extrait de la Sonate pour violon n°1 en sol mineur BWV 1001
Enhco : Improvisation
Mozart : Sonate pour deux pianos en ré majeur K. 448, extraits
Enhco : Éclipse
Zimmerli : Signs of Life, Blood Pressure
Serafimovitch-Enoch : Variations sur Dillan Diluer (danse traditionnelle bulgare)
Saint-Saëns/Serafimovitch/Enoch : Improvisation sur Aquarium, extrait du Carnaval des Animaux
Fauré/Serafimovitch/Enoch : Improvisation sur la Pavane opus 50
Piazzolla : Le Grand Tango

Un duo atypique, jamais formé à notre connaissance. Inouï
Avec Vassilena Serafimova, dont la virtuosité est simplement stupéfiante, le marimba fait son entrée dans le monde « classique ». Récent espace de la Roque hors ses murs, le théâtre Silvain à Marseille, sous les étoiles, dispose d’une acoustique étonnante. Encore faut-il que le mistral, élément sournois de ces lieux, aux vols de goélands, n’offre pas pupitres, partitions et chapeaux.

Jeudi 27 juillet 2017 21h30 ****
Parc du Château
Rémi Geniet
Récital de piano
Beethoven : Sonate n°2 en la majeur opus 2 n°2
Beethoven : Sonate n°14 en ut dièse mineur opus 27 n°2 “Clair de lune"
Beethoven : Sonate n°9 en mi majeur opus 14 n°1
Beethoven : Sonate n°31 en la bémol majeur opus 110

Ici, à La Roque, les horaires de passage des artistes sont comme autant d’indices de la maturation de leur talent. 18h, baptême du feu pour les pianistes les plus jeunes, 20h pianistes en voie de consécration, 21h30 musiciens à leur apogée.
A 27 ans, ce Montpelliérain, élève de Rena Cherechevskaïa puis de Brigitte Engerer, 2 eme prix du Concours Reine Elisabeth en 2013, semble avoir atteint une hauteur de vue bien avant l’heure. Les esprits grincheux ne pourront que s’incliner face à une maîtrise technique sidérante, une expressivité souveraine en terme de couleurs, de timbres, d’élégance, de pyrotechnie.
A ce degré de perfection, cela tient soit à la sorcellerie soit à une prédisposition relevant de la neurologie.

Samedi 29 juillet 2017 20h « J’y étais »
Parc du Château de Florans
Nuit du piano : Brahms
Plamena Mangova piano ( hors compétition)
Orchestre Philharmonique de Marseille
Larry Foster direction
Brahms : Concerto pour piano et orchestre n°1 en ré mineur opus 15
Liszt : Orphée

En 2007, sur la scène du modeste théâtre Forbin de la Roque, se présenta une quasi-inconnue, Plamena Mangova .A l’issue de son récital, passablement sonné, nous avions découvert une prodige marchant sur les traces de Martha Argerich.
Native de Bulgarie, cette élève du grand pédagogue Dimitri Bashkirov a depuis fait du chemin. Elle se voit sollicitée à Tokyo, New-York, Saint-Pétersbourg, Washington, au Concertgebouw d’Amsterdam, ¬Philharmonic Halls de Vilnius , Gewandhaus de Leipzig, Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, Théâtre des Champs Elysées et Auditorium du Louvre… ainsi que dans le cadre de festivals prestigieux : Progetto Martha Argerich Lugano, Verbier Academy, La Folle Journée Nantes and Tokyo, Festival Rostropovitch de Moscou et Bakou, Festival de Musique de Chambre de Jérusalem, Festival de Menton…
Elle se produira cette année avec un orchestre qui nous est proche géographiquement comme artistiquement : celui de Marseille et de son chef, Lawrence Foster, bon génie d’une formation revenue à son meilleur niveau.
Autant le dire sans fard, Plamena Mangova est dotée, pour le moins, d’un physique plus qu’imposant, loin des plastiques électrisantes des jeunes « divas » du piano, les Khatia Buniatishvili, Yuva Yang ou Yulianna Avdeeva (la moins spectaculaire.) Plamena Mangova se révèle une pianiste d’exception, à l’aise dans tous les répertoires.
S’il n’y avait qu’un rendez-vous à la Roque cette année…

Lundi 31 juillet 2017 *****
Parc du Château de Florans 21h
Récital de Christian Zacharias
Schubert : Sonate n°4 en la mineur D. 537
Schubert : Ländler und Walzer
Ravel : Valses nobles et sentimentales
Schumann : Davidsbündlertänze opus 6

Complice historique de la Roque, Christian Zacharias nous a toujours subjugués par cette tranquille autorité avec laquelle il s’empare de son piano . Souplesse et fluidité. Lieu commun: son instrument est le prolongement le plus naturel de son corps. Cette disposition ne peut naturellement que favoriser une complicité musicale des plus harmonieuses.
Zacharias, lauréat du concours Van Cliburn en 1973, n’a jamais cessé d’être une des références historiques des œuvres de Scarlatti, Mozart et Schubert. Ce grand maître, connu pour sa discrétion, doit beaucoup à l’enseignement d’un autre maître aussi discret que légendaire : le regretté Vlado Perlmuter.
A la direction de l’orchestre de chambre de Lausanne, le chef allemand a érigé cette formation au niveau des phalanges parmi les plus sollicitées en Europe.
Seul sur scène aussi, Christian Zacharias… enchantement garanti.

Mardi 1er août 20h-22h **
Parc du Château
Nuit du piano Mozart
Renaud Capuçon violon
Kit Armstrong piano
Mozart sonates 23,27,32,20,33,34

De Renaud Capuçon on n’ignore rien. Sauf à se questionner sur sa capacité à ajouter 10h supplémentaires à des journées de 24h (voyages, concerts, direction artistique, disponibilité médiatique, « montage » de programmes, répétitions…)
Kit Armstrong, pianiste est lui un musicien émergent, modèle hyper doué. Natif de Los Angeles en 1992, d’origine anglo-taïwanaise, il se forme dans les meilleures universités musicales, Curtis Institute, Chapman University, Impérial Collège de Londres. Il fut quelques années un des très rares élèves d’Alfred Brendel.
En 2012 il se voit décerner un master de mathématiques fondamentales à l'Université Pierre et Marie Curie, tout en jouant ses propres partitions et en s’exprimant en 4 langues. Son répertoire est considérable, couvrant plus de 3 siècles de musique, musique médiévale et contemporaine y compris.
Bien entendu, on s’arrache le prodige comme son agent sa chevelure car la notoriété du virtuose est désormais planétaire, malgré quelques réserves de la presse musicale.

Décantation insuffisante ? A voir et à entendre…

Vendredi 4 août 18h30 ****
Cloître de l’Abbaye de Silvacane
Francesco Tristano
Récital de piano
Bach : Variations Goldberg BWV 988

Entrons donc dans le vif de 2 sujets. D’une part l’interprète et de l’autre, l’œuvre.
Francesco Tristano est une personnalité à tiroirs spécialement doué. Interprète classique, issu de la célèbre Julliard Scholl de New-York, féru et friand de musique ancienne, Frescobaldi, Buxtehude, Bach, il est auteur de l’intégrale des concertos pour clavecin du Cantor et de celle pour piano de Luciano Bério. Le pianiste luxembourgeois se produit aussi régulièrement sur des scènes où il joue ses propres compositions de musique électronique au synthétiseur.
Son apparition à la Roque ce 4 août, à son programme les fameuses Variations Goldberg de Bach, sera un des temps forts de cette édition.
Ces Variations selon Francesco Tristano, sans aucun doute, feront débat. Les « Goldberg » sont marquées par deux interprétations de légende, aussi géniales que différentes, celles du pianiste canadien Glenn Gould. Première version en 1954, dernière en 1982. Soit 28 années d’une paisible occupation d’un territoire musical, un monopole aux mains de l’ermite de Toronto.
Longtemps, les interprétations « concurrentes » passèrent pour illégitimes.
Pourtant, ces Goldberg ont rayonnés hors Gould : par Zhu Xiao Mei, Daniel Barenboïm, Simone Dinnerstein, Evgeni Koroliov, Nicolas Angelich ou Murray Perahia (en l’an 2000, critiques sévères mais depuis revues à la hausse). De nos jours encore, des versions réputées inabouties et souvent jugées sans aménité. Les Goldberg de notre jeune héros, enregistrés en 2010, furent diversement commentés. 7 ans plus tard, seront t’ils approuvés ?
Suspens et mystère….

Vendredi 4 août 21h ****
Parc du Château de Florans
Seong Jin Cho
Récital de piano
Chopin : Vingt-quatre Préludes opus 28
Chopin : Ballades n°1 opus 23, n°2 opus 38, n°3 opus 47, n°4 opus 52

A la suite de très nombreux artistes de la trempe de Lang Lang ou Yundi Lee, chaque année, de-ci, de-là, émergent de jeunes pianistes asiatiques pétris d’ambition, rêvant de devenir des Usain Bolt du Steinway. Virtuoses en culottes courtes (ou effets féminins sexy..) la prévalence de leur succès est irréfutable. Sujet de fierté cocardier : ces formidables musiciens doivent beaucoup aux pédagogues du Conservatoire de Musique de Paris. Exécutants habiles, ils se révèlent fins musiciens. Seong Jin Cho, sud coréen, élève de Michel Beroff en est une parfaite illustration. Inutile ici de détailler ici la moisson de ses plus prestigieux lauriers. Il ne s’agit plus de récolte mais de déforestation.
A l’écoute de son deuxième CD (Concerto pour piano no 1, Quatre ballades - London Symphony Orchestra, dir. Gianandrea Noseda ( 2016) nous avons été dès les premières mesures séduits par la pureté de son jeu, son absence d’un quelconque histrionisme ( de quoi inspirer miss Buniatishvili…) par le tact parfait de son esthétique musical, tout en nuances.
Comment un si jeune homme (23 ans.. !) peut ‘il restituer tant de si subtils sentiments, perceptions, sensations, qu’à son âge (23 ans) il n’a certainement pas tous éprouvés ?
Quant à sa vélocité musicale, pensons à ce conseil dispensé par Vladimir Horowitz à un artiste anonyme : « Pour ne pas être seulement un virtuose, il faut d’abord l’avoir été… »
Mais confronté à tous ces triomphes et à des sollicitations par centaines, le cerveau de Song Jin Cho tiendra t’il le choc ? Si jeune, la gestion d’une carrière est aussi délicate que l’interprétation de la sonate en la mineur de Schubert.
Moderato donc…

Dimanche 6 août 2017 18h30 ****
Cloître de l’Abbaye de Silvacane
Matan Porat piano
Carte blanche

Né à Tel-Aviv en 1982, Matan Porat, élève de Maria João Pires et Murray Perahia, en quelques petites années, a connu de fulgurants succès. Liste révélatrice des scènes où il s’est récemment produit : Carnegie Hall, Auditorium du Louvre, Alte Oper de Francfort, Barbican Hall, Wigmore Hall de Londres, Philharmonie de Berlin etc...
Matan Porat a enregistré avec vaillance les Partitas et les Variations Goldberg de Bach. L’auditeur bien inspiré présent pour la version de Francesco Tristano le 4 août pourra ainsi opposer ou rapprocher celles du pianiste israélien. Matan Porat, créateur d’œuvres contemporaines, nous propose un récital is su de ses œuvres nommé : « Lux » Découvrir ces créations « à l’aveugle », sans a priori, voici une expérience à vivre en état de virginité musicale absolue.

Mercredi 9 août 18h J’y étais ****
Parc de Florans
Récital Nathalia Milstein
Beethoven : Sonate n°26 en mi bémol majeur opus 81 “Les Adieux”
Chopin : Trois Mazurkas
Chopin : Scherzo n°4 en mi majeur opus 54
Ravel : Le Tombeau de Couperin

Nathalia Milstein…Avec une telle presque homonymie (Nathan Milstein, violoniste légendaire sans lien de parenté) la musique ne pouvait qu’être un choix évident pour Nathalia Milstein. Née en 1995 à Lyon, de parents musiciens, élève de son père dans sa classe au conservatoire de Genève, puis dans celle de Nelson Goerner, il suffit de mentionner quatre scènes où Nathalia Milstein se fit récemment entendre : Carnegie Hall New York, National Concert Hall de Dublin, Wigmor Hall de Londres, Gewandhaus de Leipzig. Première femme à remporter le concours de Dublin, les éloges pleuvent mais la lucidité et la modestie de Nathalia n’ont d’égal que la hauteur de ses points de vue musicaux.. Rassurants pour la suite de sa carrière, malgré son grand âge : 21 ans…c’est tout dire…

Mercredi 9 août 21h
Parc du Château
Yulianna Avdeeva ****
Sinfonia Varsovia
Lio Kuokman direction
Mozart : Ouverture de La Flûte enchantée
Mozart : Concerto pour piano et orchestre n°27 en si bémol majeur K. 595
Mozart : Symphonie n°40 en sol mineur K. 550

Une lauréate du prestigieux concours Chopin ne peut qu’être une valeur sûre et mature, ayant révélé sa personnalité musicale. Ce qui ne présume ni assure en rien une gloire « ad vitam aeternam… » Yulianna Avdeeva, aujourd’hui 32 ans, a fait sa première apparition à la Roque en 2011. Public conquis, presse unanimement louangeuse et notre moscovite, issue de l’impitoyable sélection de l’institut Gnessin, se voit sollicitée par des agents aux trois coins du monde. Que dire qui la différencie d’une Kathia Buniatishvili ou d’une Yuja Wang ? Un jeu moins électrisant certainement, mais décanté, qui respire amplement, que l’on écoute les yeux fermés, qui conserve une forme de retenue dans les épisodes les plus virtuoses. Sans monochromie ni atonie néanmoins mais avec cette vertu propre aux véritables musiciens : la plénitude, une disposition émotionnelle toute proche de l’état de grâce. Les Chopin de Yulianna Avdeeva reflètent toutes ses vertus. Par le fait d’une technique largement maîtrisée, elle peut se livrer toute entière à une cette expressivité personnelle libre de toute dépendance digitale ou de soumission docile à sa partition.
Les Chopin de la jeune russe sont élégants, clairs, les plans sonores bien distincts, l’esprit des œuvres exprimé sans appropriation, le discours très cadré, organisé. Yulianna Avdeeva se distingue par sa somptueuse et rayonnante sonorité, par une projection qui ne sent jamais l’effort. A la fin de sa version du Mozart K 595, ce sommet de la littérature pour piano seul, Yulianna Avdeeva peut s’attendre à recevoir une ovation similaire à celle offerte aux Lugansky, Volodos, ou Kissin, ses compatriotes masculins avec lesquels elle joue à jeu égal.
Rendez-vous en 2018 sans la moindre hésitation.

Vendredi 11 août 18h00 J’y étais
*** Parc du Château de Florans
Philippe Hattat
Récital de piano
Chopin : Sonate n°2 en si bémol mineur opus 35 “Funèbre”
Liszt : Sonate en si mineur

Si Philippe Hattat vous est inconnu, vous serez absous. Mais si l’unique sonate en si de Franz Liszt vous est étrangère, voila une lacune regrettable, à réparer.
Une aubaine signée Philippe Hattat saura corriger cette carence.
L’œuvre : Monumentale (plus de 30 minutes) est un vaste poème pianistique, d’une inventivité mélodique foisonnante, d’une liberté de ton et d’une inventivité toute beethovenienne, regorgeant des quantités de contrastes dynamiques. Cette sonate requiert une virtuosité sidérante que seul un esprit tranquille peut restituer.
De Wagner, le plus pingre complimenteurs de tous les temps: « Cette sonate est belle au-delà de toute expression, noble, profonde et sublime (…) j’en suis remué jusqu’au fond de mon être.. »
Quant à Philippe Hattat, 23 ans, un peu à l’image de Lucas Debargue, son envol fut aussi soudain que justifié.
Hors sa science pianistique, il est également compositeur, pratique l’orgue, le clavecin, le violoncelle, le chant grégorien et porte un intérêt particulier à l’ethnomusicologie. Il s’intéresse aussi aux sciences (surtout naturelles et humaines), à la philosophie, ainsi qu’à la linguistique comparative. (Infos Jeunes talents)
De quoi prescrire à ce phénomène un passage par la neuro-imagerie révélant probablement une zone dévolue à la musique spécialement dilatée…

Dimanche 13 août 18h00 ****
Parc du Château de Florans
Gaspard Dehaene
Récital de piano
Schubert : Sonate n°22 en la majeur D. 959
Schubert/Liszt : Aufenthalt
Schubert/Liszt : Auf dem Wasser zu singen
Liszt : Rhapsodie espagnole

Un programme tout sauf timoré…
Doté d’une pensée musicale étonnante de maturité, ce jeune musicien investit l’univers intime de chacun de ces compositeurs avec un naturel confondant. Jeu transparent, élégante simplicité, récit qui ne sent jamais l’effort, notre (trop) discret virtuose, nous dispensant de toute rhétorique ou conception envahissante, montre plus qu’il ne démontre, suggère plus qu’il ne dicte, propose plus qu’il n’impose.
En prime, une présence sur scène des plus affables.

Dimanche 13 août 21h00 ****
Parc du Château
Anne Queffélec piano
Sinfonia Varsovia
Lio Kuokman direction
Mozart : Ouverture des Noces de Figaro
Mozart : Concerto pour piano et orchestre n°9 en mi bémol majeur K. 271 “Jeune homme”
Mozart : Concerto pour piano et orchestre n°24 en ut mineur K. 491

Anne Queffélec, qui fréquente et apprécie régulièrement son fan-club des « Mailomanes » à Marseille, nous charme sans réserve, sur scène comme hors scène.
Notre musicienne mène une carrière exemplaire fondée sur le naturel de ses interprétations, une modestie érigée sur un principe constant : le créateur ( ici Mozart) ne se confond pas avec le recréateur (ici Anne Queffélec). Au contraire d’un Glenn Gould radicalement opposé, déclarant « Je me refuse de penser que l’acte recréateur soit différent de l’acte créateur ». Auteure d’une intégrale des concertos de Mozart à La Roque en 2003, Anne Queffélec avec le divin Amadeus, vit des amours partagées, évoquant toutes les couleurs de son âme. Un Mozart, dont elle a enregistré la bande son du film Amadeus de Miloš Forman.
Un concert en état de grâce. Assurément.

Lundi 14 août 21h *****
Parc du Château
Nelson Freire
Récital de piano
Mozart : Dix Variations sur “Unser Dummer Pöbel Meint” K. 455
Schumann : Fantaisie en ut majeur opus 17 Villa-Lobos : Prole do Bebê, extraits
Stojovski : Vers l’azur
Chopin : Sonate n°3 en si mineur opus 58

Voici quelques années, Nelson Freire, en pleine gloire, pendant de longues périodes, se fit silencieux, ménageant ses apparitions sur scène, dosant ses rares enregistrements en studio. A peine avait-on l’occasion d’entendre ce grand maître qu’il s’évanouissait dans son Brésil natal. L’ ambition d’assurer une carrière lui était aussi utile que la possession d’un GPS pour un moine jaïn. En quête de lui-même et de la musique, Nelson Freire aura passé des années à explorer son répertoire à la recherche de toujours plus de probité musicale, du beau son, du raffinement dans la simplicité.
Nelson Freire est le maître de la mesure. Mais on ne connaîtra chez lui ni ennui, ni intellectualisme, ni rétention émotionnelle. Son ADN : ni panache inutile, ni envolée grandiloquente et encore moins le désir de sidérer son public.
L’énergie qui circule dans sa musique est souple, fluide et poétique.
Son texte, pour subtil qu’il soit, ne perd jamais le sens de la ligne directrice et se distingue par une prosodie riche et décantée.
Le geste du serein brésilien, avec le temps s’est stylisé.
A 73 ans, une force tranquille vit en Nelson Freire.
Sa philosophie est synonyme de celle de Grigory Sokolov
« La musique n’est pas un métier, c’est la vie tout simplement. L’interprétation n’est pas le travail de 10 minutes, de 10 jours ou d’un mois. C’est le produit de toute une vie. »

Mercredi 16 août *****
Parc du Château 21h
Arcadi Volodos
Récital de piano
Mompou : Scènes d’enfants
Scriabine : Fragilité opus 51 n°1, Étude opus 8 n°1, Sonate n°5 opus 53, Deux Poèmes opus 71, Vers la flamme opus 72

Dans son roman «La tâche» Philip Roth évoque l’apparition sur scène d’un pianiste (Yefim Bronfman) si massif et imposant que le romancier dit l’avoir confondu avec un déménageur de piano capable de se saisir de l’instrument d’une seule main pour le déposer en coulisses. Arcadi Volodos, au physique similaire, apparaît et tout en marchant, salue distraitement, prend place sur une simple chaise, plaque son dos sur son dossier et bras tendus, s’empare de son clavier. Une centaine de minutes plus tard, Volodos quitte la scène, salue distraitement un public qui, un long moment demeure muet. Virtuose sidérant, doté d’une autorité naturelle et d’une technique surnaturelle, l’artiste russe connut une période «démonstrative» (cf. Vladimir Horowitz…)
Après un isolement musical volontaire, Volodos revient sur les plus grandes scènes internationales fort d’une exigence, d’une profondeur de pensée, d’une puissance évocatrice hors-norme. Un aveu de ce colosse plutôt secret : « On doit laisser la musique éclore d’elle-même. Pourquoi devrais-je mêler mes préoccupations mes sentiments à cette partition, dont une seule page est plus importante que ma vie ? » (Diapason juin 2017)
Les rencontres exceptionnelles sont décidemment le quotidien de La Roque.

Jeudi 17 août 2017*****
Parc du Château de Florans 21h00
Lukas Geniusas piano
Orchestre National de Lettonie
Andris Poga direction
Tchaïkovski : Concerto pour piano et orchestre n°2 en sol majeur opus 44
Dvorák : Symphonie n°8 en sol majeur opus 88

Août 2012 : sur la grande scène du parc de Florans, se présente un artiste russo-lituanien, de nous inconnu mais précédé d’une belle réputation. Un cv de Gengis Khan des concours internationaux, formaté conservatoire de Moscou.
A son programme, les 3 sonates de Chopin, œuvres labélisées des légendaires Rubinstein, Lipatti ou Perlemuter.
On ne va pas détailler les talents du prodige mais parmi ceux-ci, en isoler un qui le distingue : son charisme. Depuis, Lukas Genusias, 26 ans cette année, a confirmé ses remarquables talents, second lauréat du concours Tchaïkovski 2015, concerts aux quatre coins de la planète, CD plébiscités…tout réussi à notre prodige.
Du ronronnement au rugissement…Lukas Genusias : un fauve.

Vendredi 18 août 2017 21h « J’y étais »
Parc du Château de Florans
Lucas Debargue piano
Orchestre National de Lettonie
Andries Pogar direction
Tchaïkovski : Concerto pour piano et orchestre n°1 en si bémol mineur opus 23
Tchaïkovski : Manfred

Lucas Debargue.
C’est une sorte d’ovni, totalement méconnu voici 2 ans.
Classé quatrième au concours Tchaïkovski de Moscou en 2015, Lucas Debargue a généré une avalanche d’éloges dont ceux assez spectaculaires de Boris Berëzovski et Valery Gergiev.
Je ne crois pas me souvenir en 34 années de présence à La Roque de l’apparition d’un artiste comme tombé des nues, jouant à 21h 30, l’heure des célébrités dans le grand Parc.
En 2016 en récital, (un Ravel à tomber) Lucas Debargue cette année se produira comme concertiste. Réputé pour sa franchise, son intransigeance parfois, il est la plus belle prise de la Roque de ces dernières années. Des louanges comme il en pleuvait. Sauf qu’à la Roque, jamais il ne pleut.
Pour en savoir plus : http://www.francemusique.fr/actu-musicale/rencontre-avec-lucas-debargue-phenomene-pianistique-103027

Gérard Abrial

Programme complet sur : www.festival-piano.com
04 42 50 51 15 www.easyclassic.fr
concerts@mailomanes.fr
06 14 88 19 24

© Easyclassic - 01/07/2017