La Roque d’Anthéron Récital d’Anne Queffélec
Le 5 août 2007
Comprendre la musique pour l’aimer ou simplement l’éprouver sans passer par l’intellect ?
Sous-entendre que l’étude de la musique serait un préalable à son écoute intimide bien des « non-mélomanes » et les éloigne des salles de concert. Pour autant, se repérer dans l’histoire de la musique, s’intéresser à vie des compositeurs, identifier une œuvre et pourquoi pas se pencher sur son originalité nous immergera d’autant mieux dans le plaisir de l’écoute.
Le premier des trois concerts « Regards sur une œuvre » aura attiré une foule nombreuse et attentive. Il faut dire qu’Anne Queffélec, pianiste comme pédagogue est très appréciée. La sonate K 310 de Mozart, si finement jouée en lever de rideau va faire une heure durant l’objet des commentaires de l’artiste. Malgré une sono déficiente, Anne Queffélec, ton chaleureux, naturel, simple, attendri dès que Mozart vient à ses lèvres, va captiver son auditoire. Dans quelles conditions Mozart a-t-il composé son œuvre ? A quelles difficultés techniques se confronte l’interprète, quels sont ses choix esthétiques etc…Passionnante et bienvenue fut l’écoute d’extraits d’opéra de Mozart, tels des effets de miroirs avec cette sonate si riche et contrastée. Cette « leçon de musique » terminée, la seconde écoute permit au public de saisir la densité de cette partition, une part du matériau émotionnel qu’elle renferme, sa place dans l’univers mozartien.
Mais ce fut surtout pour le public une leçon d’humilité. Ayant mesuré l’extraordinaire complexité de cette partition, l’intelligence musicale qu’elle requiert de la part des interprètes, la maturité du talent de ceux-ci, le mélomane prompt à dénigrer un artiste sera peut-être enclin à la modération de jugements souvent lancés à l’emporte-pièce ou de manifestations d’humeurs sans rapport avec la musique entendue.
On sera plus ou moins sensible à telle ou telle version mais après ces « Regards sur une œuvre » l’écoute ne sera plus la même.
« L’instant répété est toujours vierge ». Par ces paroles de René Char, Anne Queffélec nous dit aussi combien une interprétation est unique, fragile, éphémère. A nous de l’écouter ainsi.
Gérard Abrial
Ps : prochains « Regards »
9 août 18 heures Philippe Cassard
12 août 18 heures Hervé Billaut
© Easyclassic - 06/08/2007
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