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Opéra de Marseille
Le 6 novembre 2010

César Franck : le chasseur maudit.
Franz Liszt : concerto pour piano n°2
Soliste : Cyprien Katsaris
César Franck : Symphonie en ré mineur
Orchestre Philarmonique de Marseille
Direction : Louis Langrée.

Louis Langrée: Des bras… ? Non des ailes…

Les nageurs aux longues jambes font de bons chronos, c’est bien connu. Tout comme les chefs aux grands bras, ailes géantes qui rayonnent sur leur orchestre. Une main droite qui s’étend jusqu’au plus lointain percussionniste, une main gauche qui couronne les pupitres des violons, voici Louis Langrée, silhouette à la Paganini à la tête d’un ensemble concentré et homogène. Ce chef en impose.
Que ce soit lors de phrases murmurées ou de fortissimo éclatants, voici une direction réactive, attentive à chaque détail, qui restitue avec clarté le sens d’un texte, son relief, sa dynamique, son équilibre. Il faut dire que ce programme aura fait la part belle aux cuivres et aux vents, souvent sollicités pour des interventions en solo. Oubliés les anciens reproches en direction de cors, trombones ou tubas aux sonorités acides et saturées. Mais, si Louis Langrée se soucie de chaque phrasé, de chaque articulation, il ne néglige pas pour autant l’architecture d’ensemble, les points d’appui, la cohérence de la masse orchestrale, son unité et sa rythmique. Cela donne une interprétation vigoureuse et dense de ce « Chasseur Maudit » qui paiera cher son mépris pour l’office du Jour du Seigneur.
Sous la même direction, à quand une « Alpen Symphonie » ou une « Sinfonia Domestica » d’un Richard Strauss, orchestrateur tout de même, dans ce genre, plus inspiré que César Franck… ?

Cyprien Katsaris n’a jamais pu se satisfaire d’une carrière de grand soliste, de ces destins parfois formatés et attendus, comme sous pilotage automatique.
Esprit curieux, voici plus qu’un pianiste, mais un musicien dont le passé et le présent sont parcourus de quantités d’expériences, transcriptions, improvisations, arrangements, révélations d’œuvres inédites…L’éclectisme de Cyprien Katsaris est son label. Il jouera un Liszt sans turbulences ni emportements, vif et élégant, concerné, oui… mais peu impliqué par rapport à un chef lui, en revanche, plus engagé. Pas de fiançailles en vue…

C’est par la symphonie en ré mineur de César Franck que ce programme s’achevait.
Œuvre spectaculaire, parfaite initiation au monde de l’orchestre pour les nouveaux venus à la musique classique, notre plaisir est intacte à l’écoute de cette grande fresque. Pupitres des cordes moins présents, départs moins précis, cohésion un peu moins nette, mais toujours un chef parfaitement intelligible et sans compromis.
Louis Langrée, seul rescapé, seul épargné d’un Don Giovanni hué en ouverture du festival d’Aix de cette année, hier soir à Marseille, aura donné le meilleur de lui-même. Ce qui n’est pas rien…

Gérard Abrial
www.easyclassic.com

© Easyclassic - 07/11/2010