Nuits pianistiques du pays d’Aix.
Compte-rendu
Le 23 novembre.
Quatuor "Manfred"
Cyril Huvé-Michel Bourdoncle piano
Julien Dieudegard violon
FAURE : Dolly pour 4 mains
BRAHMS : Quintette pour Piano et Quatuor à Cordes en Fa Mineur
CHAUSSON : Concerto pour Violon, Piano et Quatuor à Cordes en Ré Majeur opus 21
Sous le signe de la fontaine de Jouvence.
La ville d’Aix n’est pas pauvre en fontaines.
Et celle qui coulait pour cette nuit pianistique 2005, était celle de la jeunesse.
Si le pari de Michel Bourdoncle, inlassable et opiniâtre organiseur des Nuits Pianistiques en pays d’Aix , était de susciter un nouveau public pour la musique classique, on ne peut que le féliciter de cette réussite.
En effet, la moyenne d’âge du public présent au concert du 23 novembre donné au théâtre du Jeu de Paume tenait plus de la discothèque en vogue que de celle des mélomanes habituels. Et cela, loin d’être anecdotique, fait espérer une réprentation plus conforme de l'échelle des âges.
D’ailleurs, le programme proposé ne pouvait que séduire jeunes néophytes comme amateurs de musique de chambre.
Une rare « Dolly » à quatre mains de Fauré, telle une mise en oreille, répandait ses effluves d’un charme bien français fin 19 eme. Jouant sur les contrastes entre alacrité et rêverie, les pianistes Michel Bourdoncle et Cyril Huvé donnent une vision qui suggère plus qu’elle n’affirme, ne conférant pas à cette œuvre une ambition à laquelle elle ne prétend pas.
A la suite, le « quintette » (pour l’occasion) Manfred, s’attaquait à une œuvre majeure de la musique de chambre néo-classique, l’opus 34 en fa mineur de Brahms. Pour exprimer tout le formidable potentiel de cette pièce, la constance de la cohésion des instruments, sa discipline rythmique tout au long des quatre mouvements est un préalable indiscutable. Hélas... !
Sur une base souvent instable, qui se désunit sérieusement lors de l’adagio, sur des intonations du second violon parfois approximatives, sur des raideurs sonores, tout espoir d’une musique qui respire, dont l’expressivité se dilate, dont le chant exprime les sentiments brahmsiens les plus complexes, s’envola, malgré un finale mieux assumé.
Mais on oublie bien vite cette relative déception en s’immergeant dans une œuvre qui, pour être rarement donnée, n'en est pas moins à proprement parler enthousiasmante.
Le concerto pour piano, violon et quatuor à cordes de Chausson, outre sa beauté formelle, donne à entendre un effectif rarement réuni mais ici très convaincant.
On retrouve avec bonheur le Chausson du Poème, tendre et pudique, loin d’une œuvre souvent marquée par la gravité. Le violon du jeune Julien Dieudegard est d’une grande justesse et rayonne avec beaucoup de pureté. Quelques effusions dans les passages qui s’y prêtent n'auraient pas été malvenues. On regrettera la discrétion du piano de Cyril Huvé qui se fond trop dans un quatuor Manfred ici rendu à sa maîtrise.
Et pour les discophiles nantis, ce fut l’occasion de rendre hommage à l’éblouissante version de l’équipe Barbizet-Ferras- quatuor Parrenin par laquelle nous avions découvert jadis cette page si émouvante.
Ce spectacle s’inscrit dans un ensemble de soirées musicales dont on ne fit que des éloges.
A ces nuits, on souhaite de belles et durables étoiles.
Gérard Abrial
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© Easyclassic - 24/11/2005
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