Bruno Fontaine Piano Label Ambroisie
A l’aune du clair Fontaine…
Parcourant sa bio et relevant les noms de ses complices, on imagine le bonhomme Fontaine. Michel Portal, Richard Galliano, Lambert Wilson….autant d’artistes qui, comme lui, sont dévorés de curiosités en tous genres. Dans le domaine musical, on pense aussi à Friedrich Gulda jazzifiant dans Bach, à Keith Jarrett lui-même interprète du Kantor, au dernier disque prodigieux de Marc-André Hamelin consacré à Nikolai Kapustin…Finalement, le tiroir supposé les contenir est toujours trop petit.
Le fait est que, dans le rayon « hors catégorie » Bruno Fontaine fait fort. Concertiste, chef d’orchestre, arrangeur, compositeur, accompagnateur de vedettes de variétés, il est pour l’heure co-vedette de spectacle Satie-Fernand Reynaud avec Jean Rochefort. Papillon qu’il faudrait d’abord attraper, sur quelle planche, dans quelle nomenclature l’épingler ?
Mais c’est certainement la dernière chose qu’il désire. Sa liberté musicale s’accommoderait à peu près autant d’une définition qu’un squale d’un bocal pour poisson rouge.
Ce disque « Saisons » est un concentré des talents de l’ artiste. Dans sa présentation, il avoue que cet album, il l’a totalement improvisé et que sa gravure est chronologique, sans montages ni corrections.
Du direct, pas de partitions ; et une prise de son superlative.
Alors…ce disque qui ne mentionne aucune titre de plage, ni durée, ni mode d’emploi pour l’écoute ? C’est le résultat musical le plus libre qui soit, un album qui ne s’appréhende ni ne s’écoute comme un autre. En un mot : une immersion dans l’univers musical de Bruno Fontaine, le bien nommé.
Qu’entend-on ? Aux premières mesures, les premières notes du premier prélude en ut majeur du Clavier Bien Tempéré. Mais en filigrane, à peine évoqué, suggéré lors de longues phases proches des Préludes de Debussy. Musique liquide, fluide où se révèle, alors là… sans besoin de chercher d’autres références, l’admirable musicalité de Bruno Fontaine. Le dire grand pianiste serait d’une grande banalité. Il est au-delà, dans un monde d’expressivité musicale dont le piano n’est qu’un vecteur. Au fil du temps, les improvisations se font burlesques, graves, impressionnistes ou d’essence contemporaine. Parfois, de tendres ballades évoquent, provoquent des réminiscences, qui éclatent comme des bulles à la surface de cette miroitante étendue sonore. Longtemps aucun thème de nous connu n’affleure. Et puis, soudain et le plus simplement du monde, après une introduction très Monk, allusive, spontanée en une « association libre », le motif principal de l’Ode à la Joie. « Freude, schöner Götterfunken,Tochter aus Elysium… » comme s’il naissait sous les doigts de l’artiste.
Note après note, l’immersion nous devient naturelle, nous ne cherchons plus de références connues.
La notion même de « musique indéfinissable » participe au plaisir absolu et légitime une musique libre de tout processus intellectuel.
Et ainsi, le « tout » de cette œuvre est plus que la somme de ses parties.
Plus qu’un disque, une étape dans l’évolution de nos sensations sonores.
Gérard Abrial
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© Easyclassic - 18/02/2005
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