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Opéra de Marseille Janvier 2012 G. Puccini
La Bohème

Comme lever de rideau de la saison 2012, cette Bohème phocéenne ne peut être que de bon augure.pour les prochains opéras
Signé Jean-Louis Pichon, cette réalisation posséde une vertu essentielle : l’homogénéité des éléments qui la compose. De la belle ouvrage. Et même au-delà. A une réserve près… Mais avant de l’exprimer…
Le parti-pris d’un même décor pour les quatre tableaux (soupentes vitrées sur les toits d’un immeuble) signe une originalité de bon aloi, non privé de sens, en rien gratuite qui nous délasse du sombre galetas de tous temps associé à cette œuvre.
Cet espace autorise d’amples déplacements des protagonistes, tous bons comédiens, et, ce faisant, « libère physiquement » des quatre murs des mansardes habituelles, des voix toutes ici impeccables.
Les mêmes compliments s’adresseront aux éclairages, à qualité du plateau vocal, à la direction orchestrale, aux musiciens… Tout cela mérite un triple « A »

Le Vérisme, un procédé ?

Mais, au second tableau, notre zone cérébrale dévolue aux réticences clignote.
« Mais c’est Offenbach. !» gémit notre petite voix intérieure.
Sur le plateau, grande agitation…une foule aux tenues majoritairement roses et fuchsias, très peu prolétaire dans sa mise, au Café Momus, festoie. Et voici notre quatuor, Schaunard, Marcello, Colline, Rodolfo, tous plus dandys insouciants qu’artistes en perdition, plutôt bien nourris et joyeux. Ils s’égaient. Le metteur en scène Jean-Louis Pichon, a-t-il eu raison de tourner le dos à ce « vérisme » qui, relatant l’existence des plus humbles, délivre aussi, si ce n’est un message social, du moins un témoignage réaliste sur la société ?
On nous rétorquera que vérisme et réalisme sont compatibles dans l’univers de l’opéra de la fin du 19 eme et qu’une vision libre de toute noirceur, sans figures neurasthéniques, est tout à fait légitime. Soit.
Mais le choix de cette option affecte la crédibilité des personnages ou, pour le moins, les éloigne de l’univers du compositeur, selon nos références intimes.

Une musique sublimée

Cette réserve évacuée, demeure la musique de Puccini. Dire que chaque note de cette partition si raffinée nous saisit est peu dire.
Mark Shanahan, à la suite de sa Jenufa ici même en 2009, dirige un orchestre en totale empathie avec ses intentions. Grandes houles pucciniennes ou détails sonores isolés, la direction du chef irlandais est plus que convaincante.
Il partage la vedette avec une Nathalie Manfrino, Mimi espiègle, malicieuse, inattendue. On a aimé son phrasé, la clarté de sa diction, sa projection aisée, la musicalité d’une soprano d’une expressivité merveilleusement naturelle.
Une présence qui efface toutes réticences et réserves…

Gérard Abrial
www.easyclassic.com

© Easyclassic - 16/01/2012