Opéra de Marseille 15 Janvier 2017
Programme
FRANZ LISZT Orpheus Les Préludes
RICHARD WAGNER Extraits de Der Fliegende Holländer, Lohengrin, Tannhäuser, Tristan und Isolde
PAUL HINDEMITH Symphonie dite « Mathis le peintre »
Programme exigeant pour l’Orchestre Philarmonique de Marseille privé en ce 15 janvier de son chef Lawrence Foster, bon génie d’une phalange ayant retrouvée confiance en elle-même après des années musicales disparates. Directeur musical depuis la saison 2012-2013, le chef américain d’origine roumaine a élevé le niveau de cet ensemble, à preuve cette invitation à se produire en Chine et en Allemagne en 2014.
Une résilience bienvenue confortée par des commandes passées par la cité phocéenne comme par l’ensemble lui-même à des compositeurs réputés mais aussi par les effets d’une stable et bienveillante administration.
Aussi, Bruno Mantovani, baguette d’un soir, à t’il trouvé une formation toute entière disponible et concentrée sur son art.
De Franz Liszt : ( 1811-1886)
Rarement interprétée, la page symphonique « Orphéus » souffre de la concurrence des Préludes, œuvres toutes deux composées par Liszt en 1854.
A (presque) raison car les Préludes recelent une inspiration dense, un souffle mélodique caractérisé, de nombreux focus sur les parties de solistes et une exploitation rhapsodique des plus abouties. Ecrit de la main de Liszt, en exergue, cet énigmatique aveu :
« Notre vie est-elle autre chose qu'une série de préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note ... » Le futur franciscain est déjà en chemin…
De Richard Wagner (1813-1883)
Soprano lyrique née en Autriche, Ricarda Merbeth (image) possède un répertoire des plus impressionnants. On la sait familière de rôles « lourds » vocalement comme psychologiquement (Jenufa…Salomé, Sieglinde..)
La scène phocéenne l’accueille dans un programme composé d’extraits des Fliegende Holländer, (Senta) Lohengrin (Elsa von Brabant) Tannhäuser (Elisabeth) et Isolde de Tristan.
Avouons que ces prestations lyriques composées d’extraits d’opéras ne nous enthousiasment que peu. Elles sont à la scène ce que furent jadis les séances de projections de diapositives. Un brin ennuyeuses et passablement frustrantes. On ne peut attendre de ces grandes voix, (et celle de Ricarda Merbeth en est une) de caractériser fidèlement chaque extrait, a priori et a posteriori, hors contexte de l’œuvre et privé de tout jeu scénique. Il en est de même pour l’orchestre qui, dans un format très bref, ne peut échapper à une uniformatisation des accents, des timbres et des phrasés orchestraux même dans l’ univers d’un même compositeur.
Aussi, les récitals de mélodies, moins exigeants psychologiquement, ont ils notre préférence. Il n’en reste pas moins que Ricarda Merbeth, dotée d’une grande tessiture, d’une voix projetée et stable, d’un timbre coloré, d’aigus saisissants, nous aura, bien qu’immobile, captivité par une présence scénique favorisée par un physique très « wagnérien. »
De Paul Hindemith (1895-1963) Symphonie dite « Mathis le peintre »
Initiative bienvenue que celle de la présence de Paul Hindemith à ce concert phocéen.
Un peu dans la pénombre sans l’être vraiment, ce compositeur subit une triple peine. Celle d’avoir été jugé par les « modernes » comme un sévère et austère maitre néo-classique et, sous le régime nazi, accusé de dégénérescence. Son union avec une jeune femme d’origine juive aggrava son cas et le contraint à l’exil.
La symphonie « Mathis le peintre » (Mathis der Maler), doit son titre à l’ opéra homonyme, (livret du compositeur) celui-ci faisant référence à l'œuvre du peintre Matthias Grünewald. Crée en 1934 à Berlin sous la direction de Wilhelm Furtwängler à Berlin, elle fut rapidement interdite par le régime nazi.
De nos jours, c’est la symphonie en trois mouvements composée par Hindemith lui-même qui a les faveurs de la scène. C’est une œuvre tonale, de type néo-classique, épurée de tout romantisme. L’exécution de cette œuvre par la phalange phocéenne, sous la direction d’un maestro attentif, précis, rigoureux, veille à conserver à cette composition une part de mystère, de rétention de ses effets, entre ombres et lumières. Acclamations méritées pour une petite harmonie de grande classe.
Gérard Abrial
www.mailomanes.fr
© Easyclassic - 16/01/2017
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