Festival de Lacoste Sade ou....
Sade ou le mauvais exemple.
Spectacle conçu et mis en scène par Eve Ruggieri
Jean-François Vinciguerra baryton-basse
Cécile Perrin soprano
Roméo Cornélius contre-ténor
Un orchestre, des solistes, des airs, des récitatifs, un thème… ce spectacle pourrait s’intituler « Un oratorio profane et libertin ». A portée de voix de la demeure du divin marquis, Eve Ruggieri a conçu et écrit un divertissement en musique qui met en scène Jean-Baptiste de Sade, père du célèbre libertin et auteur de Justine. Ce qui justifie le titre de ce spectacle. Figure emblématique de l’aristocrate grand siècle, le seigneur du château de Lacoste fut débauché, cultivé, intriguant, joueur, cynique, séduisant…mais pas sadique. Sur un ton mutin, Eve Ruggieri fait le procès du comte de Sade. Jean-François Vinciguerra, aussi bon comédien qu’artiste lyrique, n’avoue négligemment qu’incartades et turpitudes. Le Don Giovanni de Mozart entre en scène pour un air du Catalogue et un « La ci darem la mano » tous deux puissamment et très naturellement chantés. Cécile Perrin, voix ample et généreuse incarne quelques maîtresses outragées et dépitées. Familier des lieux, Roméo Cornélius,(photo) contre-ténor, après quelques instants délicats de mise en voix interprète un « Ombra mai fu » du Serse de Haendel impeccable de justesse émotionnelle. Artiste en plein essor, le jeune roumain allie beauté du timbre, expressivité et une présence scénique très naturelle. Et ainsi, d’airs en duos et jusqu’au trio final, textes et musiques s’entendent, se croisent, s’épousent et rivalisent de spiritualité dans un climat très 18 ème frémissant de sensualité. De sa collaboration avec Gilbert Lely biographe très distingué du marquis de Sade, Eve Rugierri a conservé en mémoire les grandes lignes de la personnalité des libertins. Et la musique, illustrée par des voix aussi convaincantes, complète ce tableau. Une soirée qui laisse un regret : elle fut trop brève et nous étions sous le charme.
Gérard Abrial.
© Easyclassic - 23/07/2004
|