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Musicales du Luberon 2017
Mercredi 26 juillet
Eglise Saint-Luc Ménerbes
Les chroniques de Gérard Abrial

Antonio VIVALDI (1678-1741)
Œuvres pour deux violons et autres archets
Ensemble GLI INCOGNITI
Amandine BEYER violon solo et direction
Giuliano CARMIGNOLA violon solo

La seduzione prima

Souffreteux, mal conformé, de santé précaire, prêtre de surcroit et bigot de réputation, Antonio Vivaldi, témoignages à l’appui, fut le moins séducteur des hommes. Mais son art et sa science exercés depuis son violon, dans sa musique instrumentale vont plus que séduire, mais ensorceler tous ses publics et inspireront bon nombre de ses compositeurs contemporains. Bach en premier lieu, vorace des œuvres du « prêtre rosso », en fut le plus assidu . Aucun plagiat mais plutôt un hommage rendu selon les codes de cette époque.
Le récital donné par Amandine Beyer, Giuliano Carmignola et l’ensemble Gli Incogniti (c’est-à-dire une série de concerto pours violon seul et deux violons) aura brillamment confirmé leur statut de grands maîtres es-Vivaldi.
Amandine Beyer, aixoise née en 1974, d’abord élève de Chiara Banchini à la fameuse Schola Cantorum Basiliensis de Bâle, une décennie plus tard, deviendra enseignante à la même académie. Comptant Jordi Savall parmi ses inspirateurs, Amandine Beyer sait son Vivaldi jusqu’aux secrets de son âme.
Quant à Giuliano Carmignola, figure majeure de la musique ancienne, son nom est pour toujours associé à deux ensembles mythiques : le Venice Baroque Orchestra et Il Giardino Armonico,

Le genre « double concerto » (per due violini, près de 30 opus ) s’articule autour de deux archets qui se confrontent ou parfois s’affrontent à un ensemble orchestral à effectif variable (dit : Ripieno)
Ce concert du 26 juillet expose de multiples et étincelants échanges musicaux issus de l’imagination et de la fantaisie du plus célèbre des compositeurs- instrumentistes de la lagune et bien au-delà. Ce duo défie les équilibres sonores, passe outre les contraintes de symétries, enrichit ces partitions de timbres, de couleurs, de rythmes, complexifiant ceux-ci sans affecter ce naturel, cette évidence propre aux compositions vivaldiennes.
De R. de Candé : « La musique de Vivaldi se vit plus qu’elle ne se pense. »
Les duos-duels Beyer/Carmignola rivalisent d’une effervescence étourdissante, leurs archets se muant en fleurets aux mains des plus habiles escrimeurs. Les RV 510 et 513 sont nourris de motifs asymétriques, inattendus, parfois véhéments. Des bourrasques sonores amplifiées d’entrelacs des plus complexes.
Archets à l’unisson ou distincts, mais dans un tempo des plus stables, Vivaldi s’emploie à offrir aux duos mixtes une esthétique féminine/ masculine des plus subtiles.
Aux traits vifs et délicats d’Amandine Beyer, répond l’énergie et le mordant de Giuseppe Carmignola, « Une pyrotechnie auditive » (R. de Candé).
Une réserve néanmoins… Lors des attaques dans l’aigu du violon de Carmignola, on y perçoit une sonorité accusant des traits acides et parfois acerbes.
« Virilité exacerbée » aurait décrété un Sigmund Freud qui, on le sait, à la musique n’y entendait rien.
Gérard Abrial
Musicales 2017

Pour se repérer…
Publié récemment (1973) le catalogue Ryom (musicologue danois) recense le legs vivaldien. Les éditeurs de partition et l'industrie du disque s’y référent, chaque numéro d’œuvre étant précédée de la mention « RV » ( Ryom Verzeichnis)
Le plus important fonds de partitions autographes de Vivaldi se trouve à la Bibliothèque nationale universitaire de Turin.
Le label discographique Naïve a effectué l'enregistrement des 450 œuvres du fonds turinois. Soit, pour la seule musique instrumentale et lyrique (hors opéras), 75 sonates, 440 concertos, dont 255 concertos pour archets.

© Easyclassic - 26/07/2017