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Festival de Lacoste Ensemble Matheus

Ensemble Matheus Direction Jean-Christophe Spinosi
Philippe Jarouski contre-ténor Emma Bertagnolli Soprano

Bien souvent, le chef d’orchestre a le mauvais rôle.
Visage invisible pour le public, vaguement observé par ses musiciens, ce n’est qu’au moment du salut final qu’il reçoit de toutes parts l’hommage du à son importante fonction auquel il répond avec la sobriété qu’il convient.
De la mesure entre toute chose.
Jean-Christophe Spinosi est un cas.
Chef Janus, virevoltant, bretteur de la baguette, pourfendeur des somnolences, dynamiteur des pupitres, on ne voit que lui.
C’est un jeune homme aux pouvoirs inquiétants qui saisit son Vivaldi à bras-le-corps, presto le ressuscite et allegro vivace lui injecte des doses massives de vitalité.
L’Ensemble Matheus passe pour le nec plus ultra de la musique baroque.
Vu, entendu et approuvé. Sans réserves.
D’autres jouent aussi bien, d’autres pensent la musique aussi juste mais les Matheus de surcroît, sonnent magnifiquement bien.
Sans une once de gras, sans effets ni affects, sans coloration sonore excessive tout est naturel, spontané, fervent.
Des cordes souples, aérées, effervescentes qu’on croirait les rêver…
Joueraient-ils les Quatre Saisons qu’ils seraient capables de leur donner une nouvelle virginité. Ce sont des solistes réunis.
Et le public suit, marche, court, vole, ovationne et en redemande.

On connaît Philippe Jarouski, contre-ténor. Eve Ruggieri en est toquée et nous, depuis son Pergolèse 2003 ici même à Lacoste, tout autant.
Le timbre, assez grave dans ce monde de l’aigu, est toujours d’une magnifique stabilité, sans vibrato, d’une limpidité adamantine, souple et agile.
L’articulation parfaite et la diction impeccable se mettent au service d’une présence scénique sans aucun histrionisme.
A peine pourrait-on observer une certaine réserve qui au fil des airs se dissipe.
Tout est grâce chez ce jeune homme et avec les Matheus les splendeurs du baroque sont portées à leur point culminant.
Il n’est pas d’égale joie que la connivence immédiate entre un public et les artistes et ce concert, à ce point de vue, en est une illustration parfaite, une réussite absolue.

Gérard Abrial

© Easyclassic - 23/07/2004