Festival de piano de la Roque d'Anthéron 2010
Voici trente ans…une clairière entre platanes et séquoias, faisant office de petit théâtre de verdure, accueillait pour une dizaine de concerts un festival sur le thème du piano romantique. A chaque soirée, sur des chaises à l’équilibre précaire, 300 auditeurs assistaient à des récitals tout en charme et intimité. Autrement dit…la préhistoire…
Ces « pionniers » étaient loin de se douter que, trente ans plus tard, ce festival (en 2009, une centaine de concerts et plus de 80000 auditeurs) deviendrait, sur les cinq continents, le tout premier événement musical consacré au piano. Mieux…une référence musicale et…une morale.
René Martin, à la tête de tant et tant de manifestations musicales, se distingue aussi comme un fin sociologue du monde de la culture. La création du festival de La Roque sous-tendait une ambition : désenclaver la « grande musique » d’un environnement tout à fait contraire à la rencontre avec le « grand public ». Quelques années plus tard, cet événement donne l’exemple d’une démocratisation réussie.
Si l’ « l’intimité » des années 80 a disparu, le charme de ce festival demeure. René Martin, Jean-Pierre et Michel Onoratini, maîtres des lieux, co-présidents du Festival et fils du fondateur Paul Onoratini, ont tenu à préserver.un "état d'esprit" qui résiste aux contraintes ou autres tentations du temps présent
Cet état d’esprit, une morale en fait, en deux mots comme en cent, fait écho à la belle formule de Jean Vilar à la création du festival d’Avignon :
« De l’élite pour tous… »
Dès les premières années de son existence, ce festival a attiré à lui les plus grands noms du clavier. Argerich, Lupu, Ashkenazy, Magaloff…Ces modèles de probité musicale ont été séduits autant par le charme du lieu que par la « philosophie » d’un festival qui faisait le pari d’attirer à lui ce « nouveau public » nécessaire à la diffusion et à pérennisation d’un patrimoine universel.
Ici, à La Roque, tout est progrès.
Cette année, pour améliorer acoustique et confort, les fauteuils-coques, inesthétiques et d’un confort modeste ont été remplacés par des sièges-strapontin accueillants et surtout, l’espace dévolu à chaque spectateur a été agrandi. Du charter à la classe « affaire »…
Le confort sonore a été amélioré par la modification de la conque acoustique qui assure un rayonnement sonore qui se diffuse désormais sur l’ensemble des gradins. 2000 places... voici une jauge en harmonie avec son environnement. Grace à ces améliorations, les reproches faits aux concerts de plein air ne tiennent plus, si ce n’est ceux liés au chant des cigales et au souffle du vent dans les branches des arbres environnants. Une concession bien supportable compte-tenu du pouvoir attractif des soirées d’été proposés à des vacanciers qu’une écoute « indoor » aurait certainement rebuté.
Ce festival aurait pu devenir une institution immuable, figé dans son succès et sa notoriété. Mais, inviter sur les 10 scènes du festival 30% de jeunes artistes à chaque nouvelle édition, rend l’ « aventure musicale » aussi stimulante qu’aléatoire. Comme au premier jour.
Célébrités d’aujourd’hui, grands noms de demain, sur la planète piano de La Roque on n’y fait que de belles rencontres.
Gérard Abrial
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© Easyclassic - 29/07/2010
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