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La Roque dAnthéron

Concert du 25 juillet
Récital Liszt, Debussy, Lancino

« Homme impressionnant d’équilibre, de justesse, de lucidité et de modestie, Frank Braley est un musicien qui nous revient chaque année avec un surcroît de maturité musicale, d’exigence, de caractérisation de sa personnalité. »
Ainsi, avions-nous présenté Frank Braley dans le programme du festival de piano 2003.

A cet éloge, on ajoutera cette année « Brillant homme de communication ». En prélude à son concert, micro en main, le musicien a fait œuvre didactique.
A un public attentif et visiblement ravi de recevoir la bonne parole, Frank Braley a justifié le choix de ses œuvres, leur univers sonore commun, sa vision interprétative.
Ecoutant un passage extrait d’un sonnet de Pétrarque dont Liszt s’inspira pour écrire ces pages de la « deuxième année de pèlerinage », c’est une mise en condition d’écoute dont nous bénéficiâmes, une tacite incitation à s’ouvrir au pouvoir sensuel de la musique.
Sans que cela ne devienne un principe, c’est une heureuse initiative que de donner quelques clés à un public peu au fait des chose de la musique classique.
Frank Braley est le pianiste le plus sincère qui soit.
Son jeu est au service des œuvres, œuvres dont on mesure bien le degré d’intimité partagé. Pas une once d’esbroufe, d’histrionisme, de pathos même quand s’offre chez Liszt la tentation à la démonstration virtuose.
Mais les œuvres choisies par Frank Braley sont parmi les plus dépouillées de l’inlassable découvreur de cette Italie de la fin du 19 ème.
Et dans les intervalles de silence, le chant des cigales du Parc de Florans semble provenir d’une Toscane sublimée.
Le passage au monde de Debussy se fera sans heurts.
Toujours évocation toujours suggestion, ces quelques pièces du second livre des Préludes, Frank Braley les donne en évitant l’écueil redouté d’une brume impressionniste opaque et en épousant parfaitement le propos de Roland de Candé:
« Jamais dans la féerie des couleurs, le jaillissement des courbes et des étoiles, le piano ne nous avait réservé tant de surprises ».

Ce récital, jusque dans les pièces contemporaines de Thierry Lancino, fut une immersion dans un monde sonore d’impressions et de sensations, un temps entre parenthèses, une rêverie en apesanteur.
Frank Braley est un pianiste à part avec lequel le voyage en musique se fait en état de béatitude, les yeux mi-clos.

Gérard Abrial

© Easyclassic - 26/07/2004