Festival de La Roque Irène Jacob sur la planète piano.
Savoir faire et le faire savoir. Telle pourrait être la devise de René Martin, deux ex machina du festival de La Roque d’Anthéron. l’infatigable René Martin accueille tous les plus grands noms du clavier et un public le moins guindé qui soit.
Depuis 2 ans aussi, certains artistes sont filmés dans le cadre d’une série DVD
« Les pianos de la Nuit ».
Il manquait une image grand public, celle de la télévision. Mise en boîte pour Arte et diffusée fin 2004, ce documentaire de 120 minutes évoquera ce festival, première manifestation de ce genre, tous continents confondus.
Don Kent, le réalisateur du « Journal d’une festivalière », titre de cette production, désirait filmer une jeune actrice qui ait pour la musique et les musiciens les yeux de Chimène.
Le choix d’Irène Jacob en ce sens est parfait.
Huit années durant de pratique musicale à nourrit notre héroïne. Une familiarité qui la mènera à prêter ses mains au professeur de piano de « Au revoir les enfants » de Louis Malle et une prise de rôle dans « Jeanne au bûcher » de Honneger.
De « Rouge » et de la « Double vie de Véronique » de K. Kieslowski on se souvient de la sensibilité frémissante d’une actrice rayonnante. Cette même sensibilité, la voila mise au profit du regard qu’elle pose sur un lieu unique où tout est dédié à la musique. Et c’est à travers les yeux clairs d’Irène que les téléspectateurs découvriront cette planète du piano.
La Roque, pour les habitués comme pour les « néophytes », ne ressemble en rien à un festival ordinaire, lieu bourdonnant d’activités, de banderoles publicitaires, d’annonces de haut parleur, de barrières de sécurité séparant artistes badgés et spectateurs tenus en respect.
Irène Jacob, dès son arrivée, a perçu la simplicité, le naturel d’un concept musical en marge des modes. Son regard s’est immédiatement attardé sur la beauté du lieu qui semble définir l’état d’esprit de ce festival. Lenteur des pas des promeneurs à toute heure, répétitions en plein air, bouffées de musique qu’exhalent comme par magie les hautes branches des platanes, pianos en ballade sur les plateaux des tracteurs, rencontres entre mélomanes et virtuoses… l’œil pertinent de la belle actrice a capté quelques images que la caméra viendra naturellement saisir et restituer.
En quelques jours de flânerie entre les gradins et les allées du parc ce « monde musical enchanteur » selon sa formule, a séduit Irène Jacob. De sa voix si bien timbrée, elle nous dira l’émotion éprouvée au partage d’un moment avec Zhu Xiao Mei, parfaite interprète de Bach, de sa collaboration avec l’audacieux talent de Piotr Anderszewski, de son admiration pour la vitalité du jeu de Boris Berezowski. Mais aussi elle aura mesuré le plaisir d’un public qui ne fait pas mystères de ses enthousiasmes.
La présence d’Irène Jacob, rôle principal de ce documentaire, garantit déjà l’authenticité de l’image reproduite.
Car ici, nul besoin d’effets ni de surlignage.
La simplicité et le naturel d’Irène Jacob sont les meilleurs arguments pour relater qu’à La Roque la musique se donne toute entière et pour le plus grand nombre.
Gérard Abrial.
© Easyclassic - 19/08/2004
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