La Roque 2004 Hélène Grimaud
C’est le public des grands soirs qui attendait la belle aixoise pour cette dernière soirée de La Roque 2004.
La veille souffrante, donc remplacée, c’est avec les yeux de Chimène qu’Hélène était espérée ce 24 août.
Ce n’est pas une convalescente qui se mit au clavier. Accompagnée par un orchestre de jeunes dirigé avec fermeté par l’expert Forster, la pianiste, dès les premières mesures de l’entrée du clavier dans le maestoso donna toute la mesure de son talent. Et ce talent, qu’on se le dise et se le redise enfin, ne doit rien à son physique de top-model ni à son élevage de loups. Car non contente de jouer sa partition avec une hauteur de vue souveraine, Hélène Grimaud insuffla à un orchestre aux contours parfois flous, un « esprit » dont, la veille encore, il était assez démuni.
On ne cessera pas d’être troublé par le toucher de cette artiste, par sa musicalité. Dans ce cadre expressif si bien défini, dans cette solidité rythmique, dans cette transparence sonore, tout est grâce, poésie, naturel.
A preuve, la sérénité de cet adagio, cette rêverie fervente sans aucune once de mièvrerie. Quant au rondo final, on est entièrement sous le charme du romantisme sans outrance qu’insuffle cette jeune femme à ces motifs de danse qui contiennent tout le génie brahmsien.
« Aimez-vous Brahms ? » Interprété par une telle artiste, la question ne se pose plus. Allégeant et contenant les enthousiasmes d’une formation elle aussi sous le charme, Hélène Grimaud, désormais dans la maturité des plus grands, a clos ce festival de la manière la plus magnifique qui soit.
Et c’est ainsi que la musique est grande.
© Easyclassic - 25/08/2004
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