Interview Boris Berezowski
GA : Fait rare, vous avez joué ici sur un piano qui n’est pas un Steinway. Quelle en est la raison ?
BB : Jouant un programme très virtuose, il m’était plus facile de contrôler mon jeu sur un Blüthner notamment en matière de maîtrise de la vitesse.
GA :Il y a-t-il pour vous un enjeu particulier en venant à La Roque.
BB : C’est très particulier. Les grands pianistes viennent ici jouer et pour moi, c’est comme une compétition et ça ne me déplait pas de me montrer au mieux de mes capacités. C’est stimulant.
GA : A quoi devez-vous cette manière si « évidente » de jouer du piano ? Votre position, vos facilités techniques, votre aisance en général… ?
BB : Je le dois aux excellents professeurs du Conservatoire de Moscou. Vers 10 ans, j’ai rencontré de nombreux problèmes techniques et beaucoup cherché mon « style ». Je l’ai trouvé dans une sorte de « fusion corporelle » avec l’instrument. Je dois beaucoup à mes professeurs.
GA : Avez-vous des rituels avant de rentrer en scène ?
BB : Non aucun.
GA : Vous paraissez si détendu en entrant en scène…Vous n’êtes donc pas sujet au trac ?
BB : Pourtant si. J’ai essayé de chasser ce trac. Je n’y suis pas arrivé, alors je fais avec… !
GA : Il semble à vous observer qu’aucune difficulté technique n’est pour vous insurmontable ?
BB : Pourtant, je les redoute… Surtout pour la main gauche. Je suis convaincu que le piano, c’est la conduite de la main gauche.
GA : D’où le choix de ces Etudes de Godowski qui sont à votre programme ?
BB : Oui…et ça me donne beaucoup de liberté pour cette main gauche.
GA : Avez-vous un musicien de « référence », un maître auquel vous aimeriez ressembler ?
BB : Non aucun…Je suis plus sensible à la musique, c’est elle qui me guide. Nous, interprètes, nous ne venons jamais qu’après les compositeurs.
GA : Votre jeu doit-il à des inspirations picturales ou littéraires ?
BB : Non, ce sont pour moi des univers différents, totalement à part. Ceci dit, j’aime la peinture et la littérature. Par exemple, j’aime beaucoup PJ Wodehouse. Mais pour moi, la musique demeure un art beaucoup plus « fort ».
GA : Quel est le moment du bonheur parfait pour vous… ?
BB : Lorsque je suis débarrassé de toutes les pensées… faire le vide. C’est très rare. Ca arrive quand je joue…parfois…
GA : Dans d’autres occasions ?
BB : Après un match de tennis et parfois après avoir fait l’amour….
© Easyclassic - 12/08/2004
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